Maternité: le récit d’une banale transformation

Mon récit est d’une banalité exemplaire. C’est l’histoire d’une femme qui devient mère, et qui voit son univers bouleversé.

Les femmes deviennent mères depuis le début de l’humanité – c’est le cas de le dire. Mais cette fois-ci c’est différent. C’est ELLE. Son corps qui en accueille un autre, son cœur qui s’est arrêté en voyant celui de sa fille clignoter à l’écran.

Il n’y a rien de plus banal. Mais rien de plus extraordinaire non plus, n’est-ce pas?

C’est le récit d’une transformation. Car lorsqu’une femme devient mère, il y a comme une innocence perdue à jamais. L’amour inconditionnel, ça foudroie. Ça tétanise. C’est capable du pire.

Il était une fois, donc, une femme qui donne la vie, et qui tout à coup trouve un nouveau sens à la sienne. Elle trouvait pourtant pathétique, en théorie, ces discours qui placent la maternité au centre de tout. Être femme, c’est beaucoup plus qu’être mère.

C’est vrai, très vrai.

Mais elle l’était, mère. Et c’était plus fort qu’elle: plus rien n’avait la même saveur, le même écho. Oui, c’était désormais indéniable: elle venait de trouver sa raison d’être.

Ouf, elle n’osait même pas le dire à voix haute. C’est ben trop quétaine. C’est tellement pas féministe. L’écrire, c’est plus facile. C’est doux, les mots sur papier. Ça assourdit en silence.

Avant

Avant d’être enceinte, elle pensait bien naïvement que cet évènement allait s’inscrire dans le cours naturel de l’histoire des Hommes. Une autre femme, un autre bébé, une autre manifestation biologogique de la race humaine.

Elle avait aussi un plan bien établi pour la manière dont cet enfant viendrait au monde. Naturellement, bien sur.

Elle avait des principes aussi. Tout était clair, limpide.

 

Pendant

La jeune femme sourit. Oh, un petit « + » sur le test de grossesse.

Mais qu’est-ce que c’est que ce sentiment? Cette notion de silence, encore. Ce silence assourdissant, qui tout à coup est chargé de présence. La solitude n’existe plus désormais. Personne ne le sait, mais il y a une petite vie qui l’accompagne à chaque souffle.

C’est abstrait encore. Elle se met en mode rationnel. Oh! La grosseur d’un bleuet, comme c’est comique. Et les vitamines, hop dans le chariot d’épicerie. Vive internet.

 

Après

Le silence, encore. L’absence de, plutôt. Les pleurs qui quittent les entrailles pour exprimer de réels besoin. Les conseils qui fusent de partout. Les compliments, les reproches. Les voix (questions) dans notre tête qui ne nous quittent plus.

Disons le. Oui c’est banal la maternité. Mais c’est aussi un peu la fin du monde.

 

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