Qui suis-je ?

Mais moi, je suis qui?

Je l’ai déjà mentionné dans un autre article, mais je le répète, je suis née d’une maman québécoise et d’un papa libanais. Je parle parfaitement (baba si tu lis ça un jour OUI PARFAITEMENT *presque*) trois langues, dont une que j’ai appris sur le tard pour pouvoir avoir l’air cool devant mon cher mari (mais ça, c’est une autre histoire).

J’ai donc grandi au sein d’une famille multi-culturelle, j’ai fréquentée l’école arabe à temps plein, puis les samedis jusqu’à 17 ans. Adolescente, j’étais une fervente patriote de mon pays d’origine : j’étais fière de dire que j’étais libanaise, je brandissais mon drapeau du Liban dès que je le pouvais (j’en avais d’ailleurs un IMMENSE qui tapissait un mur de ma chambre). Je ne m’identifiais pas au Québec qui m’a vu grandir : la crise des accommodements raisonnables m’a particulièrement dégoutée de cette terre qui est supposée être mienne et le racisme sournois me glace encore le dos.

Maintenant que je suis adulte, je me rends compte que je n’ai pas de sentiment d’appartenance, ni au Québec, ni au Liban. Pour les québécois, mes valeurs sont beaucoup trop conservatrices, mon nom leur est étranger et mon mode de vie trop ennuyeux. Pour les « arabes », je suis beaucoup trop rebelle dans ma façon de penser, ma parentalité est trop occidentale et mon accent me trahit chaque fois que je parle.

Je ne sais pas comment me définir à 27 ans. Québécois d’origine libanaise? Ouain. Mais on m’étiquette toujours…pour les « arabes » je suis bent el ajnabiyeh, pour les québécois je suis l’arabe. Je fais la split entre deux cultures, j’essaie de trouver l’équilibre, la balance, entre la québécoise qui a une foi religieuse et la libanaise qui dit tout haut ce qu’elle pense (et qui choque souvent par ses propos). J’aimerais trouver ma place, m’asseoir dans un camp et me dire « Voici où je me sens chez moi ». En attendant, je continue de jongler avec mes valeurs, et j’essaie d’éduquer mes filles à trouver leur place dans cette société qui ne partage pas les mêmes idéaux que nous. On dit qu’on apprend par l’exemple, je ne sais juste pas lequel je dois donner.

 

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1 Comments

  1. says: Pauline

    Bonjour Nadz,
    Je me suis vraiment reconnue dans ton article. Et pourtant je suis Française, installée au Québec avec un Canadien. On pourrait croire que la différence devrait peu se sentir entre deux pays francophones, et pourtant ce sont bien deux cultures différentes. Mais c’est certainement sans comparaison entre celles qui existent entre le Liban et le Québec!
    Comme toi, je me demande aussi comment me définir maintenant que ma vie est ici et que j’ai un bout de famille de chaque côté de l’océan. Ici je suis la Française qui parle avec un accent, et en France je suis la Québécoise qui a pris l’accent. C’est anecdotique, et en même temps ça symbolise bien ce grand écart que l’on vit constamment. Je n’ai pas encore réussi à me dire que je me sentais complètement chez moi ici, mais seulement que mon chez moi était là où se retrouve ma famille : mon conjoint et mon fils!
    Ton article et tes mots m’ont beaucoup touché. Merci d’avoir partagé ton témoignage!

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