Une autre lettre de la rentrée

Ça y est, on peut compter sur les doigts les dodos avant cette fatidique entrée a la maternelle. Tu es né il y a 5 ans et demi, et depuis ce jour, je t’ai juré de te donner le meilleur de moi-même.

Jour, nuit, a chaque jour, depuis 5 ans et demi. Sans relâche, sauf une soirée de temps en temps pour ventiler. Et, moi qui n’ai pas pu me résoudre a te laisser en garderie, je dois maintenant te laisser partir loin de moi. Là ou mon influence ne s’étendra pas, là ou tes amis deviendront tout pour toi. Il me semble que tu es si petit. Oui, je sais, ma belle-famille me le dit souvent, en France tu serais à l’école depuis longtemps. Fort heureusement pour moi, nous ne vivons pas en France… dans ma tête à moi, l’école c’est 5 ans. Et encore….

Tu es si sensible, si proche de tes émotions, si immature dans tes réactions… comment réagirons tes camarades de classe ? Verront-ils derrière tes larmes ou riront-ils de toi ? Je voudrais tellement pouvoir te protéger de tout ça ! À la Passe-Partout, ils nous demandaient de raconter des souvenirs de l’école… Étrangement, tous les parents présents gardaient peu de souvenirs de leur primaire, excepté les profs traumatisants et l’intimidation… Nous sommes sortis de là en nous disant : « « Va t’on vraiment les lancer dans ce monde qui ne nous a laissé que des cicatrices ? » En se demandant, aux plus profond de nous, si l’école n’allait pas « scrapper » notre enfant.

J’écris cette lettre, tu es a coté de moi, tu colles ta peluche qui sent bon et tu regarde pokemon, en boule sur le divan. J’aimerais tellement te protéger, ne te montrer que du bon, du beau, que tu aies confiance en toi et en la vie, encourager ta curiosité. J’aimerais que tu continues à rêver, à vouloir te dépasser. Je prie que tes professeurs (car oui, non seulement tu n’a pas été sélectionné pour l’école Freinet, qui ressemblait plus à nos valeurs, mais en plus, tu as été pigé pour une classe double, 2 professeurs et 40 enfants !) respectent ton rythme, t’encouragent, aie confiance en toi et voient les merveilleuses qualités que moi j’ai vues en toi.

Dans quelques jours, tu feras comme des milliers d’enfants au Québec, tu monteras dans ce gros autobus jaune. Et moi, comme des milliers de parents, je prendrai une photo en essuyant une larme. Je sais, tu apprendras a l’école tout ce que je n’ai pas les compétences pour te montrer. Tu apprendras pleins de nouvelles choses, et tu reviendras chaque soir avec ton bagage intérieur rempli de nouvelles expériences que tu seras si fier de me montrer. Je sais, tu grandis et je n’ai aucune raison d’avoir de la peine. Tu évolues, tu changes, et c’est à moi de changer avec toi, de grandir avec toi, même si je panique. Depuis 5 ans et demi, j’ai appris a être la maman d’enfants de 0-5 ans. Je ne sais pas comment être la maman d’un enfant d’âge scolaire, mais comme nous avons appris ensemble à vivre notre vie de maman/bébé, nous apprendrons ensemble. Pour ces quelques jours qui restent, continue d’être mon petit garçon câlin, mon bébé d’amour. Je t’aime mon grand, et ne t’inquiète pas. Quand tu monteras dans cet autobus, derrière mes larmes, c’est un immense sourire de fierté que tu verras.

Ta maman

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