Réseaux sociaux, blogs, forums, conversations, de multiples occasions pour propager des mythes sur le bilinguisme ! Les parents d’enfants bilingues se questionnent sur le développement de leur enfant, sur les meilleures méthodes de stimulation et malheureusement ils ont souvent des réponses erronées à leurs questions. Non seulement les réponses sont non fondées sur les données de la recherche, mais ce que je déplore c’est qu’elles culpabilisent les parents.
Mettons un terme à ces mythes !
Mythe no 1 : « votre enfant a un retard de langage parce qu’il est exposé à plusieurs langues en même temps, ça le mélange ! »
NON. L’exposition à plus d’une langue n’a pas d’impact sur le développement du langage d’un enfant. Le cerveau d’un enfant a la capacité d’apprendre plus d’une langue. Plusieurs études démontrent qu’un enfant bilingue peut apprendre à parler aussi bien qu’un enfant unilingue. Les bilingues démontrent d’ailleurs dès un jeune âge l’habileté à différencier leurs deux langues selon le contexte et l’interlocuteur. Il va par exemple parler spontanément en espagnol avec son père et en français avec son éducatrice.
Si un enfant présente un retard de langage, il va présenter un retard dans les deux langues. L’apprentissage de plus d’une langue ne va ni causer ni accentuer les difficultés. Selon les données de la recherche, la population bilingue n’a pas un taux plus élevé de trouble du langage ou d’apprentissage que la population unilingue.
Mythe no 2 : « Votre enfant a un retard de langage parce que vous ne parlez pas français à la maison, arrêtez de parler votre langue maternelle à la maison. »
Le développement du langage d’un enfant se fait quelles que soient la langue ou les langues auxquelles il est exposé. Ainsi, vous n’avez pas besoin de parler français à la maison pour développer le langage de votre enfant. D’ailleurs, il est même recommandé d’utiliser votre langue maternelle d’autant plus si vous maîtrisez mieux votre langue maternelle que le français. Vous allez ainsi offrir une meilleure qualité de stimulation à votre enfant et favoriser le développement de l’attachement « parent-enfant ». Il est souvent plus naturel de dire « je t’aime » à notre enfant dans notre langue maternelle. En tant que parent, vous êtes en droit de choisir la langue avec laquelle vous voulez communiquer avec votre enfant. C’est un droit acquis et votre choix ne devrait pas être jugé !
Mythe no 3 : « Être bilingue est un phénomène atypique. »
À travers le monde, le bilinguisme est de plus en plus une norme plutôt qu’une exception. En effet, il est estimé qu’il y aurait plus d’enfants qui grandissent en apprenant deux langues (ou plus) que d’enfants qui grandissent en apprenant une seule langue. Le bilinguisme est non seulement un phénomène répandu, mais il amène plusieurs avantages. Voici quelques exemples des bénéfices du bilinguisme :
- Préservation de l’identité culturelle et des liens avec la famille et la communauté
- De bonnes habiletés dans la langue maternelle ont un impact positif sur l’acquisition d’une langue seconde et favorisent une réussite scolaire
- Conscience très jeune du rôle social du langage
- De bonnes habiletés à passer éventuellement d’une stratégie d’apprentissage à une autre
- Plus haut niveau d’éducation
- Meilleures opportunités sociales, économiques et professionnelles
Bref, ce qui est important pour favoriser le développement du langage d’un enfant n’est pas le choix de la langue mais bien la qualité et la quantité de stimulation !
L’auteure est une orthophoniste qui se spécialise auprès d’une clientèle pédiatrique ayant des troubles de la communication et de la déglutition. Le plaisir qu’elle a développé en œuvrant auprès d’une clientèle multilingue l’a motivé à réaliser des projets de recherche sur le bilinguisme.