Plus jeune, j’étais complexée par mon corps car je me trouvais trop mince, trop plate, mais ça ne me dérangeait pas dans ma vie de tout les jours. Je savais que j’étais imparfaite mais ce n’était pas dramatique. Ça a pas été long avant que la grossesse ne me revire à 180°.
J’étais encore complexée, ça, ça n’avait pas changé, mais cette fois-ci, parce que mon corps changeait et je n’aimais pas ce que je voyais. Une couche de « mou » se formait sur mon ventre, des vergetures commençaient à paraître, un peu trop à mon goût. Je me disais: bon Dieu, si mon corps change pour que mon bébé soit en santé, ça ne me dérange pas, fais ce qu’il faut faire. Je préfère de loin que mon corps s’enlaidisse, plutôt que d’avoir un bébé qui ne se développe pas bien.
On se laisse aussi un peu aller, on mange un peu plus ce qui nous tente, on se met moins de limites alimentaires et on triche un peu plus souvent. Anyway, ça paraîtra pas avec mon ventre de baleine. Ah si je savais!
On nous le dit et on le sait que la grossesse change un corps, mais ça nous frappe pareil. L’accouchement passe, les mois défilent, mais ça ne s’améliore pas. On m’a dit que l’allaitement fait maigrir. Je ne vois pas de changement. C’est comme si les hormones m’ont changée pour toujours. Jamais auparavant je n’avais eu à faire attention à ce que je mangeais et j’arrive encore moins à le faire maintenant que je suis à la maison toute la journée. Je continue à prendre du poids malgré que je mange les mêmes quantités qu’avant.
Je ne rentre plus dans mes vieux pantalons. Ce n’est pas vrai. Je rentre dans mes vieux pantalons mais ça déborde de partout. Je n’aime pas ce que je vois. Je dois sortir, je prend un pantalon qui me faisait le mois passé et maintenant ça ne passe plus. Je me mets à pleurer. Ça commence à m’affecter, à me chercher émotionnellement. Je n’aime plus mon corps. Mon corps ne m’est plus familier, je ne le reconnait plus. Je suis comme dans le corps d’une étrangère. Sans compter les commentaires de certains, peut-être pas malintentionnés mais très maladroits. Ouf, ça fait mal. Parfois j’entendais ces voix dans ma tête encore et encore comme une cassette.
Je veux retourner à mon corps de jeune fille…j’ai suivi un régime, me suis offerte un entraîneur personnel. J’ai perdu du poids mais mon corps a changé pour toujours. Je n’aurai plus mon corps de jeune fille. Il faut que je me rende à l’évidence. Plus vite je le ferai, mieux je me sentirai. Plus vite je ferai abstraction des commentaires des autres, mieux je serai. Plus vite j’arrêterai de me juger, mieux je serai. Plus vite je m’accepterai, mieux je serai. Plus vite j’apprendrai à m’aimer, mieux je serai. J’aime mon nouveau moi. J’aime mes imperfections.
Et surtout, j’aime le résultat de ces imperfections, soit mes deux perfections, mes deux beaux enfants.