Il y a quelques jours, j’avais rendez-vous à l’hôpital. Je suis arrivée un peu à l’avance et j’ai décidé de ne pas amener la poussette, me disant que je pouvais bien divertir ma fille une trentaine de minutes.
Il était 11 h 30, et j’attendais déjà depuis 15 minutes, lorsque ma fille de 13 mois a commencé à pleurer. Elle était fatiguée et c’était l’heure de la sieste. Comment avais-je pu oublier cela?! Ni les chansons, ni ses jouets n’ont pu la calmer. J’étais complètement angoissée, alors je me suis mise à l’écart, à l’abri de tout jugement. Tandis qu’un couple me fusillait du regard, les autres faisaient la sourde oreille. Impossible de ne pas avoir entendu ma fille pleurer et de l’avoir vu se tortiller dans mes bras.
J’ai beaucoup de difficultés à dealer avec le jugement des autres en public. Je suis de nature très discrète et je n’aime pas être le centre d’attention. Je m’apprêtais à me diriger vers la réceptionniste pour lui mentionner mon intention de quitter l’hôpital, lorsqu’une jeune dame s’est avancée vers moi.
– « Do you need any help? » (Avez-vous besoin d’aide?)
– « It’s my fault. It’s her nap time. I should have known better. » (C’est ma faute. C’est l’heure de sa sieste. J’aurais dû être plus vigilante.)
– « No, actually you are doing a good job. » (Non, en fait, vous faites un bon travail.)
– « I’m afraid I’m disturbing the whole room. » (Je crains que je dérange tout le monde dans la pièce.)
– « You’re taking care of your daughter. I admire your patience so much. You are an amazing mom. » (Vous prenez soin de votre fille. J’admire tellement votre patience. Vous êtes une mère incroyable.)
Elle m’a offert un sourire bienveillant, avant de regagner sa place. Ce simple sourire était un baume au cœur. J’étais très touchée par son geste.
Je ne sais pas si c’est moi, mais j’ai l’impression que la vision que j’avais de la maternité et celle que je perçois sont totalement différentes. Le jugement de nos jours est monnaie courante. Je ne vais pas jouer l’hypocrite et m’exclure; au contraire, nous sommes tous un peu coupables.
Combien de fois avons-nous jugé un parent ou une situation en nous disant que nous aurions réagi différemment? Jugé ce parent qui chicane son enfant au magasin de jouets, ces parents qui refusent de vacciner leurs enfants ou encore cette maman qui décide de ne pas allaiter? Et que dire des réseaux sociaux? Certes, ils nous permettent d’accéder à l’information d’une manière rapide et efficace, mais Internet peut faire mal. Très mal.
Au-delà de la beauté envoûtante des magnifiques images que l’on retrouve sur les réseaux sociaux, je ne m’y retrouve pas. Je suis toujours troublée par le niveau de négativité qui y est présent. Cette valorisation de la mère parfaite nous fait oublier que nous sommes une communauté ayant beaucoup d’éléments en commun.
En tant qu’enseignante, j’ai appris à valoriser les points positifs de mes élèves. À ne jamais critiquer un jeune. À prioriser ses défis en évitant de mentionner ses échecs. N’est-ce pas ce que nous devrions faire entre nous?
Je ne peux qu’être reconnaissante envers cette parfaite inconnue qui m’a appris une des plus belles leçons. Je pense souvent à elle; ses mots résonnent encore dans ma tête. Depuis, j’essaie de faire pareil, que ce soit par un simple sourire ou avec un petit mot d’encouragement. On s’aperçoit vite que ces petits messages font une différence.
Essayez cela, la prochaine fois que vous voyez une maman qui tente de gérer une crise de bacon, au beau milieu du centre commercial.