Maman, d’habitude, on souligne et on remarque ces femmes qui ont tout abandonné de leur pays natif et sont parties vivre ailleurs. On les félicite de s’intégrer aux valeurs de leur pays d’accueil, de s’assimiler, comme on aime bien dire au Québec. Mais toi, ma petite maman, tu as fait tout le contraire. Toi maman, tu as embrassé la culture minoritaire qui est venue s’installer chez toi. Tu t’es imprégnée de chaque facette de la culture de ton mari, fascinée par celle-ci. Tu t’es convertie à une religion qui t’étais totalement étrangère à l’époque et qui ne disait pas grand-chose à grand-monde, mais tu as pris le temps et le soin de t’informer, de trouver la bonne réponse. À travers celle-ci, tu y as trouvé ton chemin, ton nord, les réponses à toutes tes questions. Tu as appris à cuisiner comme Téta et mes amto*, à comprendre leur mentalité, leur culture, leur bagage de vie. Tu as appris, contre toute attente, à parler leur langue. Tu t’es efforcée, pendant de nombreuses années, à nous enseigner la langue maternelle de papa et à nous inculquer les valeurs islamiques. Tu t’es donnée corps et âme pour que chaque souper de Ramadan soit spécial, que chaque Eid soit mémorable. Tu as balancé notre éducation du mieux que tu as pu entre le Québec qui t’a élevé et l’Islam qui a conquis ton cœur.
Maman tu t’es battue pour faire reconnaître les femmes musulmanes du Québec. Tu as œuvré auprès des jeunes de la communauté pendant plus de 15 ans. Encore aujourd’hui, tu tends la main à qui en a besoin et tu te lèves debout pour faire connaître l’Islam, le vrai.
Ma petite maman, tu es la maman adoptive de combien de cœurs à Montréal et outre-mer. Partout où tu passes, tu touches les gens par ton amour de la communauté et par ton histoire hors du commun. Tu fascines les gens avec ton accent parfaitement Beyroutien, tu les fais rire avec tes phrases typiquement libanaises, tu les impressionnes avec ta cuisine qui leur rappelle leur bon vieux Liban. Mais par-dessus tout, maman, tu les conquis par ton cœur en or.