Je suis de celles qui croient que nous allons tous mourir un jour et que la mort n’a pas d’âge. Toutefois, entre le croire et le vivre, il y a un monde.
Je n’avais jamais perdu quelqu’un de proche; c’était toujours la grand-mère du cousin, la voisine de mon amie, une connaissance, etc. Cela m’affectait beaucoup, même si je ne connaissais pas la personne directement. Je faisais ce qu’on appelle, en psychologie, un transfert : et si c’était moi qui vivais cela, comment aurais-je réagi? Jusqu’au jour où j’ai vécu le deuil trois fois de suite dans une période d’à peine six mois.
La première fois, c’était un oncle que je ne voyais pas très souvent, peut-être, mais qui faisait partie de mes souvenirs d’enfance. C’était désolant, triste, mais surmontable.
La deuxième fois, c’était le mari de ma tante. Je l’aimais beaucoup. Il a eu le maudit cancer et je l’ai vu disparaître jour après jour. Il a fané comme une fleur dont on ne prend pas soin. Son décès est venu me bousculer; je voyais ma tante, de qui je suis proche (nous avons sept ans de différence), maintenant veuve avec deux jeunes enfants. Elle devait faire face à la vie, seule, et souffrir en silence pour aider ses enfants pour qui la situation était un mélange de choc, de chagrin et d’incompréhension vu leur jeune âge.
Je lui souhaite d’ailleurs beaucoup de courage : élever des enfants sans un parent c’est un ost** de gros travail et une grosse responsabilité. C’est comme si un gros morceau du puzzle manquait; l’image ne sera plus jamais complète.
Et puis, pour couronner le tout, j’ai perdu mon ex-fiancé qui vivait de l’autre côté de l’océan. Une mort subite, sans préavis et sans signe précurseur. Un choc pour tout son entourage.
Je voyais des messages de deuil et de douleur défiler sur sa page Facebook. Et moi, seule dans mon coin, n’ayant pas encore récupéré des deux autres décès, je voyais encore quelqu’un disparaître et je ne savais juste plus comment réagir.
Cela faisait un bail que je ne l’avais pas vu – en fait, depuis notre séparation. Pendant tout ce temps, nous avions gardé contact et nous avions appris à devenir amis. Jamais je ne me serais autorisé à rester ami avec mon « ex » si l’océan ne nous séparait pas (c’est weird, je sais, surtout quand tu viens d’une culture conservatrice où les jugements peuvent être très faciles).
Il n’était pas n’importe quel ex, non plus. Primo, il était de ma famille (un cousin éloigné). Secundo, c’était un bon gars, intelligent, cultivé, sensible et respectueux. C’est après son départ que je me suis permis de le décrire ainsi.
C’est dommage que nous ne prenions pas le temps nécessaire de dire les belles choses aux gens quand ils sont là, accessibles. C’est après que nous nous lamentons et que nous regrettons.
Ces trois départs douloureux m’ont anéantie, mais j’ai appris énormément de choses. J’ai appris à avoir des priorités dans la vie – ma santé et mes proches passeront avant la course du quotidien. J’ai appris à prendre du temps avec mes enfants, de profiter de leur spontanéité et de les faire profiter de mon amour.
الله يـــــرحمـــــــهم
En tant que parents, nous nous noyons dans nos tâches quotidiennes et dans nos différents rôles et nous oublions de prendre le temps de faire les choses les plus simples, mais qui peuvent nous procurer beaucoup de plaisir.
Depuis quelque temps, j’ai réalisé que j’apprends énormément de choses de mes filles, ces petits êtres dotés d’une intelligence inouïe. Les enfants savent profiter du moment présent et l’apprécier, et c’est là où réside le secret du bonheur.
Chaque jour, j’essaie ardemment de prendre le temps d’aimer mes proches. Oui, je dis bien prendre le temps. Souvent, nous aimons, mais d’une manière routinière, machinale et automatique. Par habitude.
C’est dommage que nous ne prenions pas le temps nécessaire de dire les belles choses aux gens quand ils sont là, accessibles. C’est après que nous nous lamentons et que nous regrettons.
Prenons le temps d’appeler nos parents, nos amis, nos cousins, de dire je t’aime, même à des personnes à qui nous n’avons pas l’habitude de le dire. Remémorons-nous quand nous avons dit « je t’aime » à notre ami(e), cousin(e), grand-mère, grand-père, à SOI-MÊME, pour la dernière fois?
Ce monde manque d’amour. Aussi, apprenons à aimer la vie puisque c’est un cadeau du divin, et partageons cet héritage avec notre progéniture. Nous pouvons perdre ce présent en une fraction de seconde. Maintenant, j’accepte avec humilité que ce fût leur destin, et que, demain, se sera le mien. Chacun son tour. J’envoie mes ondes positives à tous ceux qui ont perdu un être cher, qui ont vu leur cœur se déchirer sans rien pouvoir faire.
J’avoue que mon texte est rempli de chagrin, mais de ce sentiment négatif peut naître un sentiment d’amour, de courage et d’espoir. Apprivoisons le négatif, aimons-le, et il se transformera en bonheur positif.