« Je suis jolie comme ça ? »
« Non ».
C’est la réponse ferme et sans aucune trace d’ironie qui a été donnée à ma fille de trois ans, par une personne très chère à son cœur, alors qu’elle avait mis un hijab sur sa tête pour jouer. J’ai entendu et je n’ai rien dit. Manque de réactivité et moment de parentalité manqué. Pardon ma fille.
Parce que franchement, à quel point faut-il être rongé par ses propres préjugés et malaises pour répondre ainsi à une petite fille toute fière de prendre les affaires de sa maman et de s’habiller comme elle? À une petite fille qui joue à faire la grande, en reproduisant un élément de son environnement, sans aucune conscience de toute l’hystérie sociale qui l’entoure?
Une enfant de cet âge n’en a que faire de vos arguments, craintes, et idées préconçues. Elle n’en à que faire de vos débats sémantiques et de vos discours réchauffés. Une enfant de cet âge qui a une maman voilée, joue à s’habiller ainsi, de la même manière qu’elle s’amuserait avec des chaussures trop grandes pour elle.
Je me souviens d’un jour où nous étions allés dans un magasin spécialisé pour acheter un cadeau à une amie et où ma fille, qui avait alors à peine moins de deux ans, avait voulu un petit hijab mauve avec des paillettes. Je me souviens qu’elle avait absolument voulu le mettre en sortant de la boutique et je me souviens comme elle était heureuse, alors que nous marchions dans la rue à Montréal, l’air probablement un peu gênés, son papa et moi, en tenant notre 22 mois toute sautillante de joie par la main.
Parce que c’est beau un foulard, ça flotte dans le vent quand on tourne. Ça fait princesse, fantôme ou cape de super-héros.
Un foulard c’est beau, parce que c’est maman.
Alors quand une petite fille te demande, un sourire innocent aux lèvres et des étoiles plein les yeux, si elle est jolie, tu réponds oui.
