Tout un aveu à faire : je déteste Pinterest, Tasty et les Ricardo de ce monde. J’avoue qu’au fond de moi, j’aimerais tellement revenir dans les années ’90 et avoir un enfant durant cette décennie là. Oui, les années 1990, la décennie de l’insouciance alimentaire.
Dans tous les services du midi, on pouvait voir des tables et des tables de boîtes à lunch beiges, pis c’était ben correct. Je me rappelle comme si c’était hier de ce que je mangeais et de ce que mangeaient mes camarades. Moi, j’avais du couscous à la sauce au sucre. Oui oui, juste du couscous beurré au sucre. Le petit Eliott mangeait du riz blanc avec des morceaux de hot-dog et la petite Annick dégustait un bagel tartiné de Philadelphia. Durant les récrées c’était ben normal de manger des Maywest, des Oreo et puis des rouleaux-fruits. Peu de gens lisaient les ingrédients en essayant de déchiffrer la schnoutte que les industriels mettent dans nos produits. Le top du top de la collation, c’était des nouilles crues avec de la poudre chimique, et on s’amusait à shaker ça durant la récrée puis à licher le fond du sac. #voussavezdequoijeparle
Faire des lunchs en 2016, c’est plus ce que c’était ! Nourrir sa famille aujourd’hui, c’est un défi quotidien, pour présenter à chaque repas un bon ratio légumes/protéines/céréales. Le beige est à proscrire, quitte à faire des nouilles de courgettes ou de la courge spaghetti à la bolognaise. La croûte des pizzas doit être à base de chou-fleur, les patates sont devenues douces et on est supposés faire des rouleaux-fruits from scratch. Par from scratch, je veux dire trouver une ferme de permaculture et aller y cueillir les fruits.
C’est clair que bien s’alimenter est important, et je suis loin de revendiquer un retour au Kraft Dinner pour tous. Mais ce qui me fatigue, c’est la pression culinaire culturelle et sociale des dernières années. Ça me dérange le côté performance dans la cuisine, le fait de devoir tout réinventer alors qu’une salade verte, huile d’olive-vinaigre et une poitrine de poulet grillé c’est bien correct. Pourquoi devoir ajouter mille étapes qui prennent du temps et de l’argent? J’ai pas une équipe en cuisine avec moi pour rincer, couper et surtout faire toute cette vaisselle. J’ai l’impression qu’à chaque fois que je cherche une recette de muffin, il faut que je fasse mon propre mélange de farine. Sérieux, je suis pour la promotion de la saine alimentation, mais peut-on garder ça simple? Il y a des limites au temps que j’ai le goût de consacrer à la préparation de la bouffe. Est-ce qu’il y a moyen de manger santé sans pour autant sortir le Vitamix et le déshydrateur?
Une fois de temps en temps, on peux-tu décongeler une pizza aux légumes avec des ingrédients pas pire sans ressentir une pointe de culpabilité?