Québec, je t’aime moi non plus.

Chère maman adoptive… C’est drôle de t’appeler ainsi.

Souvent, le mot maman suffit, mais je t’appellerai comme cela, dans ce texte, simplement pour faire la distinction quand je parlerai de ma mère biologique.

Alors que la plupart des autres enfants n’ont qu’une seule mère, moi, j’ai la chance d’en avoir deux, et j’en suis si fière. C’est en devenant à mon tour mère que j’ai réalisé la chance que j’avais. Le hasard (ou plutôt le destin) m’a ramené à toi. Tu as su m’apprivoiser, m’aimer et me combler d’affection. Tu étais si généreuse!

Il faut dire que nous avons travaillé fort, toi et moi, très fort même, pour que j’arrive à m’intégrer dans ma nouvelle famille. Bien que je fasse partie de la fratrie, je reste toujours différente, mais je suis bien des leurs.

Certains jours, je me sens aimée, alors que d’autres, je me sens mise à l’écart. Pourtant, tu sais comment me sécuriser. Tu me rappelles qu’on peut vivre ce genre de situation, même au sein de sa propre famille.

J’ai souvent, très souvent, vécu des périodes où ma mère biologique me manquait. Parfois, je lui en veux et parfois, bien malgré moi, mon cœur s’émeut et s’adoucit. Dans les moments de doute et de propagande, je souhaiterais plus que tout avoir une vie normale, avoir une mère, une seule. J’aurais voulu ne pas te connaître, ne pas t’aimer… Puis, je me rappelle ces pauvres enfants qui ont le cœur vide et qui n’ont pas eu la chance de ressentir l’amour maternel, et je me dis que j’ai une chance inouïe d’avoir deux mamans, deux richesses.

Maintenant que j’ai des enfants, je veux leur offrir ce cadeau, ça ne sera jamais aussi beau, mais bon. Je veux qu’ils aient deux familles avec lesquelles ils pourront grandir, former des souvenirs et, surtout, vivre beaucoup d’amour.

Ma mère adoptive, c’est toi, cher Québec, ma Belle Province, et ma mère biologique c’est toi, mon pays natal, le Maroc. Les deux m’ont apporté beaucoup, et je porterai toujours, dans mon cœur, de l’amour pour ces deux patries.

Je trouve difficile de conserver l’équilibre entre les deux cultures, mais, de cet effort, naissent une ouverture et un amour inconditionnel envers la différence et le respect de soi.

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