J’ai fait entrer le diable chez moi

**NOTE: Le texte ne le mentionne pas, mais la mère était un bourreau aussi. Le couple est en prison en ce moment (la mère et le père vendaient en plus les vidéos sur internet). Ils ont aussi agressé d’autres enfants de leur entourage. La personne n’a pas voulu mettre l’accent sur les détails mais plus sur le ressenti et comme elle l’a appris.

***
Un soir, en scrollant sur Facebook comme je le fais une dizaine de fois par jour, une nouvelle sordide attire mon attention. Une histoire de pédophilie. Une histoire d’inceste. Une histoire de bestialité. Je clique, je lis, je suis dégoutée.

Puis je tremble, je vascille, je dois m’asseoir. Je les reconnais.

Oui, j’ai fait entrer le diable chez moi. Lui et sa femme.

Ils étaient toujours bien aimables, le sourire aux lèvres et toujours prêts à aider. C’était un couple d’amis de longue date. Nous étions à leur baby shower, ils étaient à notre mariage. J’ai laissé ma fille s’asseoir sur les genoux de tonton. J’ai laissé cette pourriture la dévorer des yeux.

«Hésitez pas hein, si vous avez besoin qu’on garde vos kids !». Une suggestion innocente, formulée par bien des gens. Mais venant de lui, c’était une invitation à la destruction de mon âme. Quand j’y repense, j’ai envie de vomir. Et je remercie Dieu d’être une mère poule. Je remercie Dieu de n’avoir jamais laissé ma fille seule avec eux.

Mais tout de suite après le soulagement, vient la culpabilité. Comment n’a-t-on pas pu voir ce qui se passait ? Pourquoi n’ai-je pas vu la détresse dans les yeux de leur enfant ? Toutes ces années à souffrir en silence. À souffrir dans les bras de ceux qui sont censés te protéger. Si seulement j’avais su…j’avais pu…j’aurais du…

Mais c’est comme on lit dans les livres. Rien ne laissait présager un tel secret. Même en essayant de fouiller dans les dix ans de souvenirs qui nous lient à ce couple horrible, je ne parviens pas à mettre le doigt sur un indice flagrant.

Et ça fait peur. Tellement peur. Parce que depuis ce jour, une partie de mon innocence s’est brisée. J’étais de celles qui blâmait mes parents de ne jamais m’avoir laissée dormir chez des amis. Ben désolée ma fille, tu vas subir le même sort.Depuis ce jour, je ne fais plus aveuglément confiance. Sans tomber dans la paranoïa (oui je fais encore garder mes enfants), je suis juste beaucoup plus conscientisée notamment sur l’importance de parler avec ses enfants.

Ce qui me tue, c’est que le danger ne se présente pas sous la forme d’un homme louche en imperméable qui propose des bonbons dans un parc. Le danger, il était assis dans notre salon, entouré de sa petite famille toute cute, me souriant à pleines dents.

Prêt à mordre.

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