L’Alberta en famille, entre tourisme et prise de conscience

Takwa revient d’un voyage en famille dans l’Ouest canadien. Elle a croqué ses impressions sur le vif, entre deux montagnes.

***

Chroniques Albertaines: là où je déverse mon trop-plein d’impressions

  1. Petite leçon de lâcher-prise

Ici, la nature nous rappelle que le monde lui appartient.

Et devant la grandeur des montagnes, devant l’état sauvage de la beauté des Rocheuses, je ne peux que voir la confirmation de quelque chose de Divin.

Ma not-so-perfect picture mais parfaite quand même

Je rêvais d’une photo picture perfect. Moi, un beau foulard estival, le bleu turquoise du Lac Louise qui vous narguerait à travers l’écran.

J’ai eu droit à de la glace et un ciel gris, chargé de mystère. Un paysage tout aussi fascinant peut-être, mais loin de celui que j’avais fantasmé. Quand on paye pour un voyage, on veut La carte postale qui va avec.

Mais l’argent et nos plans ne dictent pas la nature. Et on ne peut rester trop longtemps déçu devant l’inévitable maktoub mais surtout devant la beauté Et la chance d’avoir des yeux pour l’absorber.

C’est tellement beau les rocheuses que je n’ai presque pas pris de photos. Trop décevant de les voir mal reproduites sous mes pouces.

J’ai donc écarquillé les yeux et prié de ne jamais oublier cette sensation de plénitude.

(Don’t worry, le hubby a amplement compensé mon malaise photographique)

 

2. Lâcher-prise, spécial kids

Je vous parlais de lâcher-prise sur la nature. Je vous parle maintenant de lâcher-prise lorsqu’on voyage avec des enfants.

Nous sommes 4 adultes et 4 enfants de 5 ans et moins. Je vous laisse imaginer le chaos. 

Voyager avec des enfants c’est à la fois magique et infiniment frustrant.

On échange les longues sorties intello pour des promenades au parc ou une soirée chez chuck-E-cheese (ok j’avoue c’est moi qui voulait y aller lol)

On échange un souper au resto chic contre un bon vieux Boston Pizza. Mention citron au resto qui n’avait ni chaise haute, ni crayons à colorier ni menu enfant et où les poussettes sont interdites. Autant écrire sur La porte: enfants non bienvenus.

Une punition dans les rocheuses

On deal avec des arrêts pipi dans la forêt.

On gère 42627 crises et « On arrive quand » par jour.

La radio de l’auto joue du Ya Tayba en permanence.

On prend un million d’années pour sortir quelque part.

Y’en a une qui tombe malade.

Vive le tablier d’allaitement.

On se couche à 11h, trop brûlés pour veiller entre adultes. 

Il faut donc apprendre à lâcher prise sur le voyage qu’on aurait voulu faire et apprécier celui que l’on a à travers les yeux de nos enfants. Quand une 18 mois fait « wow » au sommet des glaciers, ça compense un peu.

Quand les 4 et 5 ans gambadent main dans la main en chantant à tue-tête, on oublie un peu leurs chicanes et chialage.

Quand les adultes se soutiennent pour survivre, en prenant le relais ou en disciplinant les enfants de l’autre, on apprécie l’amitié qui s’unit.

Comme m’a dit un touriste australien pendant le voyage: traveling with kids, that’s the real adventure!

 

3. Troubles identitaires 

Voyager dans l’Ouest Canadien me force à faire face à ma relation tumultueuse avec le Québec.

Premièrement, le français me manque. Et quand entre deux montagnes j’entend des Québécois s’extasier, mon cœur se gonfle d’amour. Je suis indéniablement québécoise.

Je réalise aussi avec fierté que le Québec est réellement une société distincte. Je comprends les indépendantistes. On dirait qu’on ne fait pas partie du même pays. Le Québec possède une personnalité forte, une culture, une histoire et un charme uniques. Ici, j’ai parfois l’impression d’être aux États Unis.

Mais un gros nuage noir flotte dans mon cœur. Ici, au pays des sables bitumineux et de Stephen Harper, je me sens en sécurité. Je ne me sens pas différente, je ne suis pas regardée de travers. Je peux prier publiquement en toute quiétude, sans craindre d’attirer l’attention ou de faire le front du JdeM.

On se prépare à prier

Je réalise aussi que ma confiance en moi a été affectée par ces années à cacher ma foi et justifier Mon identité. Petite anecdote: Il ya quelques jours, je me baignais en burkini. Une femme s’approche:
– is this a swimsuit material ?
Tout de suite je suis défensive, semi-aggressive.
– yes it is. I bought it in a specialized store and it is safe.
– oh wow it looks so cool and you slide so fast with it I had to ask!
Wow, je ne l’avais pas vue venir. L’an dernier au Québec j’ai du briser une relation à cause d’un débat sur le burkini. Le JdeM m’avait contacté pour un témoignage (j’avais refusé) C’était la fin du monde. Ici, personne n’en fait de cas ou au contraire « trouvent ça cool »

J’ai toujours dit que j’aimerais revenir au vivre-ensemble des années 1990. Peut-être que ce n’est pas d’un voyage dans le temps dont j’avais besoin, mais d’un voyage dans le pays…

 

 

4. Prise de conscience environnementale 

Eau de source, à la source

Nous sommes déconnectés de la nature. Mais complètement là. Hier j’ai rempli une bouteille d’eau direct des montagnes et j’ai bu. J’avais comme peur au début, alors que l’eau embouteillée est probablement moins pure.

J’ai aussi pu constater de mes propres yeux la fonte des glaciers (voir photo). C’est terrifiant parce que j’ai appris que les glaciers sont à la source de toute la vie dans les rocheuses. Celui que j’ai eu la chance de visiter est unique au monde puisqu’il se déverse dans trois océans à la fois! Cette connexion entre l’océan, les glaces, les montagnes et la forêt me laisse bouche bée. Et triste.

Ici l’eau est payante et je me surprend à moins la gaspiller ce qui me fait sentir bien dans ma peau. L’être humain comprend bien le langage financier…

Un ancien glacier fondu

Ce voyage a également confirmé notre décision de ne plus fréquenter les zoo. Nous avons croisé sur notre chemin des animaux sauvages (voir photo) et c’était mille fois

Un ours en liberté

plus édifiant et fascinant. Cela nous permet de réfléchir à leur environnement et nous oblige à respecter leur espace. Pour le reste il y’a les documentaires 🙂

Je suis quand même une personne conscientisée face aux enjeux environnementaux. Mais clairement il me reste beaucoup de chemin à faire. J’ai espoir que nos enfants soient naturellement plus sensibilisés, mais c’est aussi à nous en tant que parents de les aider à replacer leur existence dans un contexte où la nature est essentielle à notre survie physique et spirituelle.

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