Lire et écrire en arabe: le défi

Nous arrivons à l’âge scolaire, votre enfant continue de développer le français à l’école, mais son niveau d’arabe stagne ou malheureusement diminue. Pourquoi ?

Les études démontrent qu’il y a un lien entre le développement de l’expression orale et de l’écrit. Alors que le langage oral a une influence sur le développement de l’écrit, le langage écrit permet aussi de développer un langage oral plus élaboré. En effet, grâce à la lecture, les enfants apprennent de nouveaux mots de vocabulaire, de nouvelles expressions, des phrases plus complexes, etc. Leur discours se développe et devient alors plus élaboré. Ainsi, si vous désirez que votre enfant continue d’améliorer sa maîtrise d’une langue, il est important de l’exposer à la lecture et à l’écriture dans cette langue.

Pour les enfants arabophones, c’est un peu plus complexe. En effet, une des grandes difficultés pour les enfants bilingues arabo-français est sans aucun doute l’arabe écrit. Combien de ces enfants qui fréquentent les différentes écoles d’arabe de Montréal reviennent de leurs cours en disant « j’ai de la difficulté à comprendre en cours ».

Cette situation est entre autres reliée à la caractéristique diglossique de l’arabe. Le terme diglossie réfère à la situation où une langue a des variétés distinctes. En arabe, il existe certes des dialectes différents (le dialecte tunisien est différent du libanais), mais il existe aussi une distinction évidente entre ces différents dialectes et l’arabe académique. Ainsi, il n’est pas suffisant de maîtriser un dialecte arabe à l’oral pour développer l’arabe écrit. Il faut aussi réaliser un deuxième apprentissage, celui de l’arabe classique.

Ce double apprentissage n’est pas requis en français, puisqu’il n’existe pas de diglossie dans cette langue. On parle plutôt d’un continuum entre le français utilisé à la maison et le français standard, celui utilisé par Radio-Canada par exemple.

Pour réaliser cet apprentissage de l’arabe classique, les cours du samedi sont certes d’un grand atout, mais encore une fois si l’on se rappelle que l’exposition langagière est importante, il faut aussi exposer notre enfant à cette variété de la langue dans d’autres contextes. Il est donc important d’encourager votre enfant à réaliser des activités en arabe classique:

  • Lire des histoires en arabe ! La lecture est toujours un excellent moyen pour développer le langage. Il existe d’ailleurs une section de livres en arabe dans plusieurs bibliothèques de Montréal.
  • Réaliser des activités d’écriture adaptées à l’âge de votre enfant. Voici des exemples :
    • La liste « Ce que J’aime » : L’enfant s’amuse à écrire sur un tableau ou une affiche tout ce qu’il aime : nom des personnes qu’il aime le plus, sa nourriture préférée, ses jeux préférés, etc. Pour l’encourager, vous pouvez accrocher cette liste dans sa chambre.
    • Pourquoi pas un poème ? L’arabe est une magnifique langue propice à la poésie. Vous pouvez l’aider à écrire un petit poème pour une personne spéciale.
    • Créez vous-mêmes un jeu de mots croisés en arabe ou encore mieux faîtes-le avec votre enfant.
    • *Il n’existe malheureusement pas une variété de jeux en arabe facilement accessibles à Montréal, mais vous pouvez être créatifs et en confectionner par vous-mêmes. Si vous avez des suggestions de jeux, n’hésitez pas à les partager !

 

Pour un apprentissage précoce, est-ce qu’on devrait délaisser notre dialecte et communiquer avec notre enfant en arabe classique ?

Je n’ai pas de recommandation à vous donner. Je considère que c’est un choix personnel que chaque parent doit faire. Personnellement, j’ai choisi de communiquer avec ma fille en arabe algérien, car je maîtrise mieux cette variante de la langue. Ainsi, je peux offrir de meilleurs modèles langagiers à mon enfant et ça favorise le lien affectif parent-enfant. C’est plus naturel pour moi de dire à ma fille « Nhabek Hanounti » que de dire « Ouhibouki Ya Ibnati ». Par contre, j’ai aussi fait le choix de l’exposer à certains mots de vocabulaire de l’arabe classique. Lorsque je lui montre un oiseau, je vais utiliser la terminologie arabe « asfour » plutôt que « zawach » en algérien. J’ai aussi demandé à ma mère qui maîtrise parfaitement l’arabe classique d’exposer ma fille à cette variante de la langue. Ainsi, elle pourra lui offrir de meilleurs modèles que moi. J’ai fait ces choix, car il est important pour moi que plus tard ma fille comprenne plus facilement le coran.

En bref, l’important c’est de vous sentir à l’aise dans votre choix et d’offrir des occasions multiples à votre enfant pour développer l’arabe classique.

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