D’aussi loin que ma mémoire se souvienne, il y a deux habitudes que mes parents avaient vite pris soin d’installer et de protéger chez nous. Ces habitudes que nous pratiquions en famille étaient la prière et les repas. Les deux étant rythmées par le temps, elles nous réunissaient à différents moments de la journée. Elles ont été des sources d’apprentissage aux bienfaits subtils et importants.Puis, ayant grandi mes sœurs et moi, ces moments ont gardé notre famille unie malgré la routine et les différentes occupations de chacune (surtout les miennes). Maintenir ce contact, ce lien a permis de protéger et d’entretenir ma relation avec mes parents et mes sœurs.
De plus, en réfléchissant à mes habitudes alimentaires actuelles, j’ai noté que manger en famille et avec mes proches depuis mon enfance a eu une influence positive sur ma relation avec les aliments. Il y a plusieurs exemples de mon enfance qui me viennent à l’esprit et qui m’ont marqué. Je m’en rappelle encore aujourd’hui, ce qui élude le potentiel et la force du leadership des parents et des éducateurs à agir comme modèles positifs auprès des jeunes pour établir de saines habitudes alimentaires.
Le plus ancien souvenir remonte à l’école primaire et aux boîtes à lunch. Ah les fameuses boîtes à lunch – autant une source de stress pour les responsables de leur confection a.k.a Parents Inc. qu’une source de joie ou de dépit quand son contenu (dé)plaisait ceux/celles qui les recevaient. Ma chère maman avait plus d’un tour dans son sac, c’est elle qui chaque soir se posait la question : qu’est-ce qu’on allait prendre pour lunch demain? Ça devait être la fondatrice du meal-planning à l’époque – elle planifiait la veille pour le lendemain et finalisait si nécessaire le matin. À moi incombait la simple tâche de mettre toutes les boîtes dans le sac-à-lunch. Et de ne pas oublier le sac-à-lunch – ce que ma tête dans la lune semblait ne pas vouloir retenir. Zut.
Ce que je n’oublierais jamais, ce sont les petits mots qu’elle glissait dans mon sac-à-lunch et que je découvrais au moment du dîner. Des bonhommes sourires, des rappels de dire bismilah avant de commencer le repas ou simplement mon nom qui ajoutait cette petite touche personnelle inoubliable qui réchauffe le cœur. De temps en temps, elle y mettait des items spéciaux. Au quotidien, les aliments sains occupaient la place vedette. On ne tombait ni dans la privation, ni dans l’excès. Je pense que cette attitude m’a permis de développer avec l’âge une vision globale de mon alimentation – sans trouver nécessaire de diaboliser certains aliments pour couvrir d’éloges d’autres aliments.
Sans aucun doute, il y a dans ses gestes l’expression d’amour et de preuves d’attention sur lesquels je n’ai pas pris le temps de méditer auparavant. On réalise qu’on peut transmettre l’amour et le bien-être à travers les aliments qu’on offre, les repas que l’on prépare et partage, l’énergie et les souvenirs qui accompagnent le moment des repas.