Mon AVAC, ma renaissance

Le plus beau jour de ma vie, jusqu’à présent, est le 1er novembre 2015. Le jour de la naissance de ma deuxième fille.

C’était un accouchement-éclair, et 100% naturel. D’ailleurs, la douleur de cette expérience me hante encore parfois.

Mais comme elle est pâle, cette douleur, à côté du bonheur que j’ai éprouvé en prenant ma petite dans mes bras, quelques secondes après sa naissance. Chose que je n’ai pas pu faire avec sa grande soeur, née par césarienne d’urgence alors que j’étais sous anesthésie générale. Je me souviens encore de m’être réveillée dans un brouillard, affolée, déçue, apeurée. On m’a dit qu’elle allait bien, je me suis rendormie, les larmes aux yeux. On me dit que j’ai murmuré « Je m’excuse ».

Comme si la césarienne était de ma faute! Ma tête le savait bien que c’était maktoub, que je n’y pouvais rien, que l’on ne contrôle pas un accouchement. Mais mon coeur, mon coeur…

Le commentaire fait par la résidente qui a procédé à ma césarienne a amplifié mon désarroi, le lendemain. « Oh so she wasnt big at all! Why couldn’t you push her out? ».

Culpabilité et incompréhension

Oui, why couldn’t I ?

Cette expérience a été, pour moi, traumatique. Surtout face à l’incompréhension des gens, qui ne comprenaient pas ma détresse et ne cessaient de me répéter que « C’est ce que Dieu a voulu » et « L’important c’est que l’enfant aille bien ». Tout pour me faire culpabiliser davantage.  Et quand j’osais émettre des critiques sur la procédure médicale entourant ma césarienne, le manque d’humanité des intervenants ou les erreurs de parcours qui ont mené à ce dénouement, je sentais qu’on me regardait avec pitié. Comme si j’essayais de blâmer injustement le cher et merveilleux système de santé, et qu’il était complètement impossible que cette césarienne ait été précipitée.

Quoi qu’il en soit, les mois ont passé. Les années. Et bébé 2 a fait son arrivée dans mon bedon. Je redoutais ce moment, parce que j’avais peur de l’accouchement. J’espérais de tout mon coeur un AVAC, mais en même temps je ne voulais pas mettre tous mes espoirs là-dessus et finir déçue.

Décider de tenter un AVAC était, dans ce temps pas si lointain, assez osé. On était encore à l’époque de « Césarienne un jour, césarienne toujours ». Chéri, fidèle à lui-même, a accepté de s’instruire et de s’informer. God bless son ouverture d’esprit et sa curiosité intellectuelle. Ma mère, fidèle à elle-même, avait peur mais me faisait confiance. God bless son coeur de maman.

Avac-info et Hélène Vadeboncoeur

Pour m’appuyer davantage, j’ai contacté une association nommée AVAC-info. Ce groupe de soutien vise à informer et à soutenir les femmes dans leur désir de comprendre ou de tenter l’AVAC (Accouchement vaginal après césarienne). Je me suis rendue à une de leurs rencontres, qui s’est avérée être une espèce de séance de psychothérapie collective. Quelle surprise de voir toutes ces femmes exprimer les mêmes sentiments que moi! Je n’étais donc pas folle! À travers ce regroupement, j’ai aussi découvert Hélène Vadeboncoeur, l’auteure de « Une autre césarienne ou un AVAC, s’informer pour mieux décider« . Je me souviens d’avoir amené son bouquin en Tunisie, belle lecture de plage!

Je me suis sentie empowered  par toutes ces informations. J’ai découvert que les femmes avaient perdu le contrôle de leurs accouchement , qu’elles ne connaissaient pas leur propre corps. J’ai repris confiance en moi et en mes capacités. Et au pire, même si ça finissait en césarienne cette fois, j’aurai été informée et j’aurai su exprimer mes besoins. J’étais prête à toute éventualité.

Mais Dieu m’a fait le grand bonheur de m’accorder l’accouchement dont je rêvais, pour bébé 2. Celui où on peut marcher 15 minutes après avoir accouché. Celui où on voit bébé prendre son premier souffle et chercher sa première tétée. Celui où on est en contrôle de son accouchement, où le médecin est là pour nous accompagner. Mon premier texte sur ce blogue a d’ailleurs été un hommage à ce médecin.

L’AVAC a été pour moi une renaissance. Et si vous en rêvez, tentez l’expérience. Le chemin en vaut la peine, peu importe le résultat à l’arrivée.

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