Mieux vaut être végétarienne que musulmane?

Je suis une O+E. En grandissant, on réalise des petits détails anodins de son enfance- adolescence et tout d’un coup, avec du recul, ils ne deviennent pas si anodins; ils sont importants et ils vont droit au cœur comme un coup de poignard.

C’est durant mon adolescence que j’ai vu le végétarisme se populariser. Et honnêtement, c’était une libération pour les jeunes musulmans comme moi.

Tu dois choisir ton repas lors d’une conférence? Coche Végé.

Tu veux éviter d’expliquer pourquoi tu ne peux pas goûter l’échantillon de steak à l’école? Dis « Je suis végétarienne voyons».

Tu veux manger autre chose à la cafétéria que le sandwich aux œufs? Yes, prend la nouvelle option végé!

J’avais l’impression que si tu mangeais végé, c’était tellement cool, mais si tu mangeais halal, c’était moins important. Si jamais il y avait eu des demandes (dont je ne suis pas au courant), j’imagine déjà la Une des journaux. D’ailleurs, j’oubliais : on se rappelle la controverse entourant la cabane à sucre dont les clients avaient demandé un menu halal. Dans ces moments, je me dis : il vaut mieux être végétarienne que musulmane.

Aujourd’hui, ces arrangements se font bien et c’est un pas vers l’avant.

D’ailleurs, qu’est-ce que j’ai pu manger à la sortie cabane à sucre de l’école primaire publique?

Je me rappelle aussi que mes parents avaient inscrit « Porc » et « Gélatine » dans la section allergies de mon agenda juste pour être sûr. N’empêche que la fois ou il ne restait plus de pizza au fromage à l’école de Montréal Nord, j’ai mangé la pizza au pepperoni sans le pepperoni bien sûr, car j’ai eu le génie de l’enlever. La tête de mes parents quand je leur ai raconté!

Dans ce domaine, il n’y a pas que des souvenirs que je contemple un peu triste. J’ai des souvenirs dont je suis fière. Une de mes amies faisait partie du conseil des étudiants au cégep et elle avait comme projet d’offrir des aliments halals à la cafétéria. Même si ça ne s’est pas concrétisé, elle a mené plusieurs étapes dans cette direction dont faire un sondage auprès des étudiants musulmans du cégep.

De mon bord, en organisant un événement de banquet pour un cours à l’université, lors d’une réunion, j’ai confronté une dame qui remettait en question la pertinence d’offrir des repas adaptés aux restrictions religieuses précisément la restriction halal. Son argument : les participants des banquets précédents ne l’avaient jamais demandé.

Si on n’offre pas une accommodation particulière, l’absence des personnes non-accommodées démontre leur désintérêt ou prouve que l’absence d’accommodation marche (à éloigné ces personnes)?

J’étais heureuse d’avoir le soutien de mon équipe puisque ce banquet comme nous l’avions imaginé se devait d’être ouvert et adapté à la diversité. De plus, ma formation de nutritionniste me préparait déjà à être sensible à un public hétérogène et multiculturel, et à revendiquer le droit des minorités de manger des aliments respectant leurs préférences culturelles, religieuses et individuelles.

C’est une façon parmi d’autres de défier le système, le statu quo.

Il vaut mieux être végétarienne que musulmane? Durant ces moments, j’ai plus envie de répondre NON.

Ça me fait me questionner : pourquoi je dois vivre ça? Suis-je la seule?

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