Petite histoire de circoncision

Jour de circoncision de notre bébé pour la famille musulmane que nous sommes. C’est une expérience toute nouvelle pour moi. Nous voilà en chemin pour la clinique d’urologie, neuf jours après l’accouchement (et non dans une sombre arrière-salle de mosquée, comme plusieurs personnes de notre entourage semblaient le penser…).

Je suis un peu anxieuse, car même s’il s’agit d’une opération chirurgicale routinière, ce n’est pas forcément une partie de plaisir. Mon mari quant à lui, fait le malin en me racontant pour la cent-cinquantième fois sa propre expérience de circoncision, ou du moins ce qu’il s’en rappelle.
Nous arrivons donc à la clinique et, au milieu d’une salle d’attente littéralement envahie de bébés et de leurs parents, et aussi visiblement d’un grand nombre de grands-parents venus soutenir le moral des troupes, nous nous asseyons afin de remplir un questionnaire médical, juste à côté d’un homme qui lui, a rendez-vous pour une vasectomie (l’ironie de la situation ne cesse de me faire sourire, encore aujourd’hui). Nous passons ensuite dans une salle où une infirmière nous explique les soins qu’il faudra donner une fois de retour à la maison, avec comme bruit de fonds les pleurs de quelques bébés. On pourrait se croire dans un CLSC, secteur vaccination.

C’est bientôt notre tour et j’aimerais allaiter mon fils mais il se contrefiche grandement du sein que j’essaye de lui mettre dans la bouche.Nous rentrons finalement dans la salle d’opération et après une anesthésie locale et une sucette spéciale en sucre naturel aromatisée à la canneberge (on est québécois ou on ne l’est pas) dans la bouche de bébé qui semble déjà addict au sucre, le médecin procède à l’opération. Pas drôle, mais très rapide. Je lui tiens la main et je lui fais des petits calins (à
mon bébé, pas au médecin) tout au long pour l’apaiser, mais on a entre temps perdu le courageux papa qui est discrètement allé s’assoir sur un fauteuil un peu en retrait. Une fois le tout fini, j’arrive à peine à donner quelques gorgées de lait à notre fils avant qu’il ne s’endorme, et on rentre à la maison. Pas besoin de rester en observation ou quoi que ce soit, on nous informe juste qu’il faudra mettre deux couches l’une sur l’autre pendant les deux jours suivants, afin d’éviter les frottements. Puis il dort. Encore. Et encore.

Il est courant de dormir 6 à 8 heures d’affilées après la circoncision et j’ai déjà les seins plein de lait. Mon tire-lait et moi passons donc une agréable journée (!) en attendant le réveil de bébé, qui aura lieu quelques heures plus tard. Viendra ensuite le temps des petits soins post-opérations à donner (mettre de la vaseline, principalement), qui seront cette fois-ci pris en charge par mon conjoint. Pause de changement de couches pour moi pendant quelques jours car je ne me sentais pas vraiment le cœur à l’ouvrage! Bébé dans tout cela continue sa petite vie sans vraiment se préoccuper de quoi que ce soit. Pas de fièvre ni d’inconfort apparent. Nous enverrons une photo par courriel quelques jours plus tard, pour que le médecin nous confirme que tout guérit et cicatrise comme prévu.

Nous sommes vraiment heureux d’avoir fait circoncire notre fils et de l’avoir fait tôt, car malgré certaines études  contradictoires, nous avons l’intime conviction que cette prescription religieuse a encore tout son sens aujourd’hui, y compris dans nos pays occidentaux. D’un point de vue pratico-pratique, il faut aussi savoir que pour ceux qui souhaitent pratiquer la circoncision, quelques hôpitaux (notamment Sainte-Justine et l’hôpital juif), ainsi que des cliniques privées, offrent ce service à Montréal, mais que le tarif (non pris en charge par la RAMQ) augmente avec l’âge de l’enfant. Une raison de plus pour ne pas trop attendre et rapidement classer cette étape dans la catégorie des souvenirs!

Extraits du pamphlet d’information distribué à la clinique : Au-delà de la prescription
religieuse, plusieurs bénéfices médicaux sont maintenant reconnus et appuyés par des preuves
scientifiques, parmi lesquels une forte diminution des risques de transmission de plusieurs
maladies sexuellement transmissibles, ce qui a notamment amené L’American Academy of
Pediatrics à conclure que « les avantages en matière de santé préventive de la circoncision
l’emportent sur les risques de cette intervention », sans toutefois que les bienfaits de la
circoncision soient si importants qu’on doive la recommander couramment pour tous les
nouveaux nés garçons.

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