Je n’ai jamais dénoncé…

Il était une fois une petite fille de 8 ans super enjouée, qui adorait sa famille, ses amis. Elle aimait beaucoup jouer avec ses Barbies, et ce même si sa petite soeur finissait toujours par les prendre.

Un jour, un membre de la famille, un cousin adolescent, l’invite à jouer à cache-cache avec les autres cousins. Il lui demande de le rejoindre sous le porche afin de se cacher avec lui.

Elle a confiance en ce cousin. Il est souvent à la maison. Les deux familles se connaissent et font souvent des activités ensemble.

Sous le porche elle attend avec lui qu’on les trouve. Mais quelque chose cloche. Il descend son pantalon et la force à toucher son pénis.

Elle n’en avait jamais vu avant. Elle a peur. C’est gros et elle veut partir en courant. Mais il lui dit de ne pas avoir peur. Elle ne comprend pas ce qui se passe. Il lui dit que c’est leur secret. De ne pas en parler à personne.

Pendant trois ans, ils jouent aux mêmes jeux. Elle appréhende de plus en plus les réunions de famille, car à chaque fois les attouchements pénètrent de plus en plus son intimité. Son corps est violé de partout. La petite fille perd son innocence. Trop rapidement, elle rejoint le monde des adultes. Son éveil sexuel commence beaucoup trop tôt.

Vers l’âge de 11 ans, la petite fille et sa famille déménage à plusieurs reprises. Suite à cela, elle perd tout contact physique avec son cousin.

Par contre les séquelles psychologiques sont bien là. Durant toute son adolescence, elle se sent sale, haram. Elle n’en parle à personne, car elle se sent fautive, impure. Elle a peur d’avoir trahi sa religion.

Plus elle vieillit et plus son malaise grandit avec elle. Dégoût envers son corps. Envers sa personne. Pendant longtemps elle arrête même de se regarder dans le miroir, car le reflet de sa personne la dégoûte. Quand elle surprend son reflet dans des vitraux, elle détourne les yeux, car elle voit un monstre.

Ce n’est que vers la mi-vingtaine qu’elle trouve le courage de tout avouer à sa maman.

Elle n’avait jamais vu sa maman aussi effondrée. Horrifiée d’apprendre que son enfant se faisait agresser sous son toit. Pendant des réunions de famille. Où était-elle? Où étaient tous les adultes?

Elle supplie sa fille de porter plainte. Elle veut détruire ce garçon qui a détruit l’enfance de son enfant. Elle veut lui faire du mal.

Mais à la demande de sa fille, aucune plainte ne sera portée contre l’adolescent devenu homme. Elle veut juste oublier. Pourquoi détruire une autre mère en lui montrant les monstruosités de son propre fils. De son propre sang.
Aurait-elle dû porter plainte? Sûrement. Mais comment prouver quelque chose qui est arrivé il y a plus de vingt ans? Elle veut apprendre à aimer son corps. Aimer la petite fille en elle qui a grandit trop vite.

Aujourd’hui la petite fille est dans la trentaine, mariée avec un bébé. Une petite fille. Après des années de thérapie, elle commence enfin à oser en parler ouvertement. Pourquoi? Parce qu’elle vous supplie de parler de sexualité à vos enfants. Arrêtez d’utiliser la religion comme excuse pour ne pas éduquer vos enfants. Commencez le plus rapidement possible. Parlez-leur de leurs parties génitales. Mais aussi de leurs émotions. Montrez leur que c’est CORRECT de venir vous parler lorsqu’ils ont des questions sur le sexe. Si vous ne leur parlez pas, comment voulez-vous qu’ils viennent vous voir lorsqu’ils sont en détresse ? Les agressions peuvent survenir à la maison, à la garderie, à l’école. Par un homme ou une femme. Par un adolescent ou même un enfant.

Les agressions arrivent aux filles ET aux garçons. Guidez les. Souvent ils ne comprennent pas leurs pulsions. Ils se tournent vers Internet. Ou les amis. Selon Statistiques Canada, 80% des agressions sont commis par une personne proche de la victime, et seulement 5% des agressions sexuelles sont dénoncées.
Alors éduquez vos enfants pour les protéger mais aussi pour leur expliquer que quoiqu’il arrive, vous êtes de leurs côtés.

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