L’Hyperemesis gravidarum ou Non, ce ne sont pas de « simples nausées »

C’est l’été, il fait beau. C’est le matin du jour de Eid El-fitr que je vois un + sur mon test de grossesse. J’étais aux anges et remplie de bonheur: ma fille allait enfin avoir un frère ou une sœur. En plus, dans une semaine, ma famille s’en vient nous rendre visite de l’autre bout du pays. On avait des belles vacances de planifiées tous ensemble, j’avais si hâte.

Je ne pensais même pas à l’éventualité de vivre une grossesse difficile comme à ma première parce que j’ai eu espoir de toutes mes forces que chaque grossesse était différente et que de toute façon ça ne se pouvait pas que mon corps réagisse encore de la même manière. Je me disais que la première fois c’était surement dû au fait que c’était ma première grossesse. Bref, on est partis en vacances avec la famille comme prévu, j’avais quelques symptômes mais jusque là rien de majeur.

C’est à notre dernière journée du voyage que tout se déclencha d’un coup et que je me voyais replonger dans mon pire cauchemar ; les premiers mois de ma première grossesse qui se résumaient à nausées et vomissements sévères, fatigue extrême. Seulement cette fois c’était pire que la première, je ne pouvais rien garder dans mon estomac tout ce que je mangeais ressortait et ce, même avec médication. Je pouvais passer des jours sans vraiment me nourrir, j’étais plongée dans un cercle de fatigue et manque d’énergie et je pouvais littéralement dormir 16 a 18 heures par jour, c’était mon seul échappatoire.

Travailler était rendu impossible, pourquoi parler de travail quand même sortir de mon lit pour aller au salon étais rendu une corvée? Si on pouvait me laisser tranquille je resterais chez moi dans mon lit jusqu’à ce que tout ça passe, il m’était rendu impossible de fonctionner normalement. Ce qui est le plus difficile dans tout ça c’est l’incompréhension de mon entourage “allez mange juste un peu” une fois je me rappelle (et désolée des détails dégoûtants ) je me suis forcée à manger un bol de céréales pour faire plaisir à ma famille, quand je l’ai fini on avait tous un grand sourire c’était un exploit, trente secondes plus tard j’ai tout vomi dans le bol vide qui était encore dans mes mains….Après cet événement c’était rendu “mange un peu, c’est pas grave si tu vomis au moins quelque chose va rester dans ton estomac”…personne ne ressentait ce que tu vivais. Non, tu n’as pas envie de vomir, ça fait mal et tu es vidée d’énergie que tu n’as même pas à la base. Ou bien “viens on sort ça va te faire du bien”: non merci ce qui me fait le plus de bien c’est rester dans mon lit, je n’ai même pas de force pour marcher.

J’avais perdu gout à tout, je regardais les gens manger avec nostalgie… si seulement je pouvais ravoir mon appétit, mon amour pour la nourriture. La nourriture était rendu mon pire ennemi, c’était rendu impossible que de la nourriture se cuisine chez moi: Si quelqu’un sortait un oignon du placard et que le je le sentais je me mettais à vomir. Je me sentais dans un trou noir et je ne voyais pas la lumière au bout du tunnel. Je n’avais jamais vu quelqu’un dans mon entourage autant souffrir de vomissements et de fatigue lors de la grossesse.

J’étais malheureuse de ne pas pouvoir vivre ma joie et profiter de mon bonheur de porter ce petit être en moi. J’ai été 3 fois à l’urgence pour déshydratation, on me donnait les médicaments les plus puissants contre les vomissements par intraveineuse et j’essayais de me nourrir par la suite mais quelques minutes plus tard je vomissais tout en bloc. J’ai perdu plus de 15 livres. C’est là que je me suis mise à lire sur le sujet, articles, forums, et groupes Facebook, petit à petit je commençais à comprendre que je vivais une situation médicale reconnue dont j’ignorais totalement l’existence: “L’Hyperemesis gravidarum”, une grave forme de nausées. J’étais rassurée de voir que n’était pas seule et que plein de femmes enceintes en souffraient. C’est juste que dans mon monde à moi j’ai été la seule, je me sentais seule et incomprise…et j’étais juste fatiguée d’expliquer à mon entourage à quel point je ne me sentais pas bien et que je ne pouvais pas fonctionner normalement comme n’importe quelle femme enceinte qui avait des nausées et des vomissement de temps en temps, que moi je n’étais plus en contrôle de mon corps.

Ma chance dans ma souffrance est que cela n’a pas duré toute ma grossesse, les vomissements et fatigue ont disparus petit à petit vers 16 semaines de grossesse. Et j’ai pu alors profiter de mon petit bonheur, qui repose aujourd’hui dans mes bras. Et une chose est sûre, toute cette épreuve ne m’empêchera pas d’en vouloir un troisième!

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