Mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver*

Je suis née ailleurs, donc je ne connaissais pas les comptines pour enfants francophones avant la naissance de mon fils. Depuis, je prends un plaisir fou à les découvrir à travers les activités, les livres sonores et les CD. Désormais, je connais tous les Caillous et souris vertes de ce monde, ou presque.

Ces temps-ci, je loue souvent les trousses trotteuses dans les bibliothèques de Laval. Dans celle sur les 4 saisons, il y a un livre intitulé Chansons des quatre saisons où j’ai découvert plein de choses comme la tradition et chanson de la Guignolée au Québec. En lisant les explications à la fin du livre j’ai appris « qu’autrefois dans les campagnes québécoises, on chantait cette chanson en passant par les maisons pour cueillir des dons pour les pauvres. Cette coutume avait lieu au début de l’année, autour du Jour de l’an ».

Ça ressemble étrangement à une chanson et coutume de mon pays d’origine, la Roumanie, que j’ai commencée à chanter à mon fils tout juste cette année. Ça s’appelle Sorcova. Les enfants, en général, la chantent le premier Jour de l’an et ils reçoivent également de l’argent d’habitude. « Quelle coïncidence! » que je me dis. En plus, la musique style « rigodon » me fait penser à notre lâcher fou le soir de Noël, où on a dansé avec notre fils sur les tounes des 3 Accords et des Cowboys fringants qui jouaient à la radio. Un bonheur chaleureux envahit mon cœur à l’idée de ce croisement des cultures.

Je lis aussi une autre version, un peu macabre à mon goût, de la Légende de Saint Nicolas. C’est en fait cette page qui attire mon regard en premier lieu en feuilletant ce livre parce que dans ma famille on fête le « Père Nicolas » le 6 décembre et la légende que je connais depuis toute petite raconte que Saint Nicolas était un prêtre/enseignant pauvre qui laissait des oranges en guise de cadeau dans les souliers de ses élèves. De nos jours, on le célèbre en laissant des petites sucreries dans les souliers des petits et des plus grands. C’est une tradition de ma culture que je transmets fièrement à mon fils.

Enfin, la dernière chanson du livre s’intitule Quand il neige sur mon pays, du poète Albert Lozeau. On l’écoute en famille et mon mari demande à mon fils « Quel est ton pays? » et puis s’empresse de lui dire « Le Canada! ». J’ai un petit pincement au cœur, mais en même temps c’est vrai, il est Canadien, aussi bien qu’il se sente y appartenir même si ses parents sont nés ailleurs. De plus, on lui a montré récemment le Canada sur la carte du monde et il la reconnaît fièrement. Quand le poème finit avec « C’est le plus beau pays du monde » je me dis tout bas, presque à moi-même « Le Canada, c’est le plus beau pays du monde ».

En effet, même si on vient d’ailleurs et on inculque d’autres coutumes, on chante des comptines et berceuses à notre enfant en d’autres langues, je suis heureuse de passer l’hiver et d’élever ma famille ici finalement. De plus, ce livre m’a tellement fait retomber en amour avec l’hiver, moi qui étais un peu en déni cette année. J’ai redécouvert des attaches à ma culture et aux traditions bien propres et universelles de l’hiver comme sortir en traîneau, faire un bonhomme de neige… et aller aux festivals d’hiver qui se déroulent à Laval et dans les environs. Je nous souhaite à tous des hivers culturellement diversifiés!

* J’ai choisi ce vers iconique de Gilles Vigneault pour intituler ce texte parce que ça traduit bien mes sentiments envers le concept de « pays d’origine » après la lecture de ce livre et l’écoute de ces chansons. Nés ici ou ailleurs, on se retrouve tous en hiver, sous la neige qui tombe.

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